Je me questionne sur le sens de la vie, les paradoxes, l'identité. Je suis attirée par ce qui rend plus vulnérable et sensible : Betty Goodwyn pour la fragilité de l’être ; Mark Rothko pour ses rapports de formes et de couleurs mystiques ; Francis Bacon pour l'altération des sujets ; Peter Doig pour sa façon de repousser les limites de la représentation.

Je suis issue de la génération no futur, forcée d’embrasser un nouveau rapport au monde aux allures de jungle civilisée, empreinte d’une multiplication exponentielle de l’information et d’une pauvreté de repères. L'accès par l'internet au sublime et à l'horreur de façon simultanée imprègne mon rapport au réel : tout dorénavant peut s'altérer en un instant. Ce sentiment d’instabilité me stimule à ordonner le chaos, à lui forger un sens par le biais d’une trame parfois narrative, parfois organique. Et pour cerner ce monde insaisissable, l’intuition me semble être le guide le plus fiable. Cette recherche donne lieu à des associations d’idées et de couleurs parfois incongrues. Le processus créatif débute souvent par le désir irrationnel d'une couleur ; s'ensuit une espèce de lutte de territoire où chaque couleur voudra prendre sa juste place, à l’instar des humains qui cherchent à s’harmoniser au-delà de leurs opinions divergentes.